Il y a encore quelques mois, je pensais avoir trouvé l'outil ultime pour créer des pistes de batterie d'une qualité, somme toute, très correcte, le tout en deux temps trois mouvements, sans être un killer de la programmation et sans se prendre la tête à mixer durant des heures, histoire de ne pas perdre l'inspiration lorsqu'elle prend par surprise et qu'on doit mettre tout ça dans la boîte tout de suite, maintenant, sans plus attendre. Toontrack propose de faire encore plus simple et avec une qualité professionnelle grâce à EZDrummer. EZDrummer, c'est l'écriture phonétique de "Easydrummer" (le batteur "facile", pour les non anglicistes, ou encore le batteur "traaaaaaaannnnnnquille"). Le mot est donc lâché : FACILE. Le concept, comme celui de Groove Agent, nous vient de Suède. Il y a manifestement un vivier de cerveaux au Nord, et ce n'est pas fait pour me déplaire, parce que... j'aime le Nord (NDLA : désolé Pascal, "le Niçois") ! Ajoutons que les gens de chez Toontrack sont tous, sans exception, des musiciens (dont certains travaillent avec des artistes archi connus partout dans le monde) et qu'ils conçoivent tous leurs logiciels en fonction de ce qu'ils aimeraient avoir à leur propre disposition. Bref, la cible d'EZDrummer est le musicien, avant même "l'informaticien musical". Et de préférence, celui qui n'a pas des milliards à dépenser dans ses outils. Tout ça est plutôt bon signe. Voyons ce que cela donne en dehors du papier.
EZConcept
Vous connaissez probablement le monstrueux Drumkit From Hell Superior (DFHS), ou en avez écouté
les démos ou des morceaux l’utilisant. Certes, les sons sont
superbes et les possibilités
créatives très nombreuses, mais ce que demande le logiciel en terme de connaissances (en programmation MIDI et en informatique,
principalement) est, comment dire, plutôt tue-l’amour pour un débutant ou pour quelqu’un qui voudrait simplement coucher une idée
rapidement. D’autre part, le logiciel déverse un flot de 40 gigaoctets de samples (85.000 échantillons !) sur votre disque dur et
demande une configuration musclée pour tourner correctement. En bref, comme le disent eux-mêmes les gens de chez
Toontrack, DFHS est plutôt destiné aux musiciens type "savant fou". Arrive donc EZDrummer, sorte de DFHS version LE : un
sampleur de batteries plus light en taille et en complexité. Mais les concepteurs ont voulu aller plus loin que le simple
sampleur de drums. En plus des possibilités créatives liées aux sons, on vous fournit de quoi créer les parties de batterie MIDI
en quelques clics, ainsi qu’un mixeur dédié. On retrouve ici à la fois les concepts proposés par Groove Agent et BFD, mais, vous
allez le voir, c’est encore plus simple ici. Enfin, une technologie propriétaire propose de réduire au maximum la demande en
ressources.
La question qui se pose alors est la suivante : EZDrummer est-il une version bridée du Drumkit From Hell Superior, destinée aux
débutants ou aux amateurs, ou sera-t-il aussi utilisable dans un contexte professionnel ?
EZInstallation
EZDrummer est livré dans une jolie petite boîte au design fort sympathique (comme d’ailleurs tout
ce que fait Toontrack. Pour preuve, allez donc faire un tour sur leur site) contenant le DVD d’installation et... c’est tout !
Pas de manuel papier. Celui-ci se trouve sur le DVD, en PDF. Cependant, il est presque inutile tellement EZDrummer est simple.
D’autant plus qu’un tutoriel en Flash, superbe et très bien ficelé, est disponible. Vous pouvez d’ailleurs le consulter
ici.
L’installation ne pose aucun problème. On notera simplement qu’il n’y a pas de "lanceur" automatisé. Il faut aller chercher
l’exécutable dans les dossiers du DVD. Rien de bien sorcier. Les échantillons seront installés par défaut sur le disque système.
Si vous désirez les installer ailleurs (avec tous les autres fichiers liés à l’application), il faudra faire un retour en arrière
juste avant de lancer la fin de l’installation. Tout est noté dans la procédure à l’écran, mais ce n’est pas très pratique et
c’est tout en anglais. Si vous n’y pensez pas, il sera impossible de choisir le dossier de destination. Autre option : choisir
l’installation en mode expert. Bon, cela dit, je pinaille. J’y suis arrivé, donc ça ne devrait pas vous poser de problème.
Le logiciel est disponible en version VST pour PC/Mac et Audio Unit pour Mac. Il nécessite un hôte compatible VST ou AU pour fonctionner. Pas de version stand-alone, donc, pour ceux qui voudraient l’utiliser seul avec une batterie électronique, par
exemple, même si cela reste bien-sûr possible via votre séquenceur. Le plugin lui-même (fichier .dll sur PC) est installé dans le
répertoire adéquat sans qu’il y ait besoin de le spécifier, à condition qu’un hôte soit effectivement installé. Avec Cubase, par
exemple, c’est le dossier C:\Program Files\Steinberg\VstPlugins qui est choisi. On peut bien entendu spécifier un autre chemin si
besoin. Notez qu'une version RTAS est prévue pour les troisième trimstre 2006.
La protection du logiciel est du type challenge/response. Un numéro d’identifiant unique et propre à la configuration
informatique est généré par EZDrummer lors du premier lancement. Muni de ce numéro et du numéro de série figurant sur la jaquette
du DVD (ne pas la perdre), on se rend alors sur le site EZDrummer où on va générer le code d’autorisation après s’être
enregistré. La machine MAO n’a pas besoin d’être connectée. Notons que l’adresse mail utilisée n’est pas spammée, contrairement à
d’autres éditeurs qui n’hésitent pas, ensuite, à vous submerger de messages non sollicités. Il est possible d’autoriser le
logiciel pour deux machines différentes (un fixe et un portable, par exemple). Si vous désirez utiliser le logiciel sur une
troisième machine, vous devrez au préalable supprimer une autorisation déjà créée.
Le seul défaut de ce type d’autorisation est qu’en cas de changement de configuration informatique, il faut tout recommencer. En
revanche, pas de problème de casse, de perte, ou de vol qu’on pourrait rencontrer avec une protection par clé hardware. Je
regrette cependant qu’aujourd’hui MAO rime obligatoirement avec connexion Internet, quels que soient l’éditeur et le type de
protection.
Une fois toutes ces opérations terminées (10 minutes, au maximum), on peut lancer EZDrummer.
EZErgonomics
Au chargement du plugin dans votre séquenceur préféré, le kit par défaut est chargé sans que vous
ayez besoin de faire quoi que ce soit. L’interface est vraiment superbe, les graphistes de l’équipe Toontrack ont fait un sacré
bon boulot. On peut distinguer trois sections dans cette interface, mais tout, absolument tout, se fait dans une seule et même
fenêtre. Aucun sous-menu de menu secondaire ne vient gêner l’utilisation. Et il y a en tout et pour tout 7 boutons principaux.
Plus simple, tu meurs.
La partie centrale de la fenêtre vous place virtuellement derrière une batterie dans un studio, avec les fûts et les micros
représentés comme si vous y étiez. En cliquant sur les fûts et les cymbales avec la souris, on peut écouter les sons du kit. Même
l’impact de la frappe est représenté graphiquement afin de savoir quel fût est joué. Selon l’endroit où on clique, la vélocité
varie (et avec elle, le son de la batterie). A l’extrémité inférieure de chaque partie du kit, une Barre de Construction
déroule un menu permettant de sélectionner un autre élément afin de construire soi-même son kit (marque, modèle, type de batte pour la grosse caisse...). Nous reviendrons plus bas sur les éléments disponibles.
Dans la partie inférieure de l’interface (que l’on peut appeler section de contrôle), on trouve, à droite, un compteur qui
donne en permanence la quantité de RAM utilisée par le kit. A gauche, un bouton permet d’ouvrir le mixeur interne. Au centre, on
trouve la section de lecture des grooves préenregistrés.
Dans la partie supérieure de la fenêtre, le bouton EZX permet de choisir un kit additionnel EZXpansion (sur lesquels nous
reviendrons). Enfin, le menu aide, à droite, propose quelques options utiles, telles que la désactivation des frappes
graphiques (utile si vous manquez de ressources), l’accès au manuel et aux aides diverses (si besoin était) et, très important,
la description complète et le mapping MIDI des kits disponibles.
Pas de chichi, pas d’options à n’en plus finir. C’est clair, net, ça coule de source et on se sent à la maison au bout de 30
secondes. Côté ergonomie, rien à redire. Le kit de batterie représenté graphiquement est vraiment une excellente idée. Et en
plus, ce logiciel offre l’une des interfaces les plus agréables de toute la production actuelle. Ce n’est pas le plus important,
mais travailler avec quelque chose de beau et convivial, c’est bien sympathique.
EZGroove
A l’ouverture du soft et après lui avoir attribué une piste MIDI du séquenceur, on peut utiliser
EZDrummer comme un drum-sampler tout à fait classique, soit en jouant en temps réel via un clavier ou une batterie électronique,
soit en programmant directement dans l’éditeur du séquenceur. De ce côté, rien de bien neuf. Mais voyons la suite.
En cliquant sur le bouton Open Grooves, le logiciel devient intéressant pour le novice ou pour ceux qui veulent créer
rapidement une partie de batterie. Un explorateur apparait et vous donne accès à plus de 8.000 boucles préenregistrées, au format
MIDI. Elles sont classées par banques, types de mesure, styles, et variations. Le fonctionnement se fait alors en deux temps.
D’abord, le logiciel est utilisé comme simple lecteur, afin de faire une "preview" des boucles. Tout simple : on navigue dans
l’explorateur, on choisit une boucle et on appuie sur le bouton lecture. On peut alors naviguer tranquillement et écouter
tous les grooves disponibles. Afin de toujours savoir quel motif est à l’écoute, un écran de contrôle affiche les noms des
variations et deux flèches de navigation (haut/bas) permettent d’en sélectionner d’autres sans avoir l’explorateur ouvert devant
soi.
Une fois que l’on a trouvé une boucle qui nous intéresse, on la saisit simplement à la souris et on la fait gentiment glisser
vers la piste MIDI du séquenceur. Un conteneur est créé automatiquement. Après avoir associé plusieurs grooves, il suffit de
stopper la lecture interne et de lancer celle du séquenceur. EZDrummer est alors piloté par le séquenceur comme n’importe quel
autre VST-i. Ce type de fonctionnement est propre à EZDrummer. Le concurrent direct, Groove Agent, ne permet pas le
glisser-déposer des grooves MIDI directement dans le projet. La simplicité du système et le gain de temps sont vraiment très
appréciables pour l’inspiration. Notez que vous devrez cependant faire quelques calculs pour caler correctement les breaks et les
fills selon leur place et leur longueur.
Les variations disponibles sont suffisamment nombreuses pour permettre la construction de parties de batterie de qualité. On
trouve les types de mesures les plus usités (4/4, 3/4, binaire esprit shuffle, 6/8…), dans plusieurs styles musicaux (pop/rock,
motown, ballade, samba, latin), en caisse claire classique ou en "sidestick", avec un nombre considérable de breaks et fills.
Ensuite, pour chaque style, on nous propose entre 40 et 50 grooves différents (variation principalement des coups de caisse
claire et de grosse caisse), avec pour chacun une vingtaine de variations de jeu, allant du jeu le plus simple au jeu évolué avec
de multiples ghost notes et variant le jeu du charley et des cymbales. Les styles de jeu sont en principe dépendants du kit de
batterie choisi, mais rien ne vous empêche d'utiliser un style pop/rock avec un kit latin, ou l’inverse. J’ai apprécié en
particulier les breaks. En les additionnant il est possible de créer des solos entiers de batterie très facilement. Je
regretterais simplement qu’il faille ajouter à la main tous les coups de crash, de china ou de splash en reprise de tournerie
après un break. Pas évident pour un débutant de savoir ou le charley doit être arrêté puis redémarré.
Pour parfaire le tout, on trouve, tout en bas de
l’interface, un bouton velocity. Ce dernier aura un effet direct lors la lecture interne, et également sur les évènements
MIDI que vous récupérerez sur votre piste. Idéal pour adapter rapidement la séquence à un passage plus calme ou plus violent.
Enfin, un bouton humanize permet de varier aléatoirement les frappes et de rendre le tout plus humain. D’après ce que j’ai
pu comprendre, il semblerait que la fonction soit active lors de l’export des grooves car lors de la lecture interne, je n’ai pas
entendu de différence flagrante. En revanche, en observant les évènements MIDI, on s’aperçoit que de petits décalages sont
effectivement introduits dans les frappes et que les vélocités varient.
Les grooves MIDI ont été enregistrés par des batteurs professionnels qui ont travaillé avec les plus grands artistes (au hasard,
Genesis, Bruce Springsteen, Sting, Kiss...). Et ça s’entend. Ces boucles sont d’une qualité excellente. Beaucoup d’entre elles
seraient totalement impossible à programmer à la main. En particulier les roulements de caisse claire, qui sont vraiment
somptueux, et toutes ces petites ghost notes qu’on ne sait jamais où placer. Notons que les boucles MIDI ne sont pas compatibles
General MIDI et ne pourront pas être utilisées directement avec d’autres logiciels.
On pourrait trouver la variété du logiciel moins importante que chez Groove Agent 2 ou BFD qui proposent d’énormes banques de
styles et de grooves. Mais il faut bien reconnaître que sur la quantité de tourneries disponibles, plus de la moitié ne seront
pas utilisées, parce qu’elles ne correspondent pas à ce que l’on recherche. Ici, on pourra faire évoluer la richesse du logiciel
en fonction des besoins (comme nous le verrons plus bas). Et la grande force d’EZDrummer réside dans la facilité déconcertante
avec laquelle on crée une piste de batterie. Et surtout, il est possible d’éditer très facilement les parties MIDI après les
avoir importées, ce que ne permet pas, par exemple, Groove Agent qui, bien que très riche également, oblige à programmer d’abord
tous les enchaînements puis à extraire la piste MIDI. Bref, ici, on a tout misé sur la facilité d’utilisation et le gain de
temps également mais avec une philosophie un peu différente.
EZSound
Bon, alors un soft simple avec de bonnes boucles MIDI, c’est bien, mais ce qui intéresse
particulièrement l’utilisateur c’est le son qu’il va pouvoir en tirer.
Le premier élément de réponse se trouve dans la qualité théorique des samples en fonction des conditions de leur enregistrement.
Et là, sur le papier, on se dit que tout ça a l’air bien alléchant. Les sons ont été enregistrés et traités aux studios Avatar de
New York. Pour info, les artistes suivants y ont enregistrés des albums : Bruce Springsteen, David Bowie, les Rolling Stones,
Roxy Music, Bob Dylan, Madonna, Dire Straits, Peter Gabriel, Eric Clapton, Diana Krall, Sting, Bjork et beaucoup d’autres. Un
premier gage de qualité. Ensuite, les artistes et ingénieurs du son ayant pris en charge cette partie du logiciel sont des
pointures : Neil Dorfsman (qui a produit, entre autres, Kiss, Dire Straits, Sting et d’autres) et Pat Thrall (Glenn Hughes, The
Black Crows...) à la production, le batteur Nir Z pour la batterie et les boucles (batteur de studio qui a joué avec Genesis
entre autres). De bons présages.
Deuxième élément : les batteries enregistrées. Grosses caisses GMS, caisses claires GMS piccolo, Slingerland et Rogers Wood, toms
GMS, cymbales Zyldjian et Sabian. Tout ça dans des tailles et des modèles différents, avec plusieurs types de battes pour les
grosses caisses. Rien que des marques connues et reconnues. Et bien entendu, on peut choisir ces modèles indépendamment pour se
faire un kit aux petits oignons.
Malgré tout, à la vue du prix très serré du logiciel, on peut se poser des questions. Honnêtement, je pensais entendre une
qualité correcte mais qui ne pourrait rivaliser avec de vraies batteries. La première écoute calme tout de suite. Waouh ! En
fait, le caractère et "l'air" qui ont contribué au succès du DFHS sont bien là. A cela plusieurs raisons. Déjà, pour chaque
partie du kit, on a jusqu’à 15 niveaux de vélocité. Si on ajoute une caisse claire main gauche, une caisse claire main droite,
plusieurs types de fûts et de cymbales, l’expressivité devient excellente. Deuxième raison : en plus des sons secs, on a accès à
des sons overhead et aux sons d’ambiance du kit, ainsi qu’au timbre de la caisse claire (le dessous du fût). On bénéficie donc si
on le désire, du son des studios Avatar, ce qui n'est pas rien. Personnellement, je trouve le son meilleur que ce que l’on peut
entendre dans BFD. Question de goût, probablement. Mais ce qui me plaît particulièrement, c’est le côté brut du son, totalement
non traité, masculin et dynamique, qui vous laisse toute latitude ensuite pour égaliser, filtrer et traiter.
Pour bien affiner le tout et gérer les sons issus des multiples microphones, EZDrummer propose un mixeur interne. Lui aussi est
extrêmement simple. On y accède en cliquant sur le bouton Open mixer. Premier paramètre réglable : le contrôle de la
repisse des micros overhead et snare bottom. Quel avantage ? Par exemple, lorsqu’on enregistre les overheads, le son de toute la
batterie passe dans les micros en plus des cymbales. Dans la vraie vie, on peut l’empêcher en mettant un gate qui ne laissera
passer que le son des cymables. Même chose pour le dessous de la caisse claire. En plaçant le commutateur bleed control
des overheads sur off, vous n’entendrez que le son des cymbales et vous pourrez ainsi les monter sans entendre le son du reste de
la batterie. On a ensuite les habituels boutons de solo et mute et les panoramiques (qui peuvent être
inversés grâce à un bouton). En sélectionnant plusieurs tranches (en cliquant sur leur
nom), on peut les lier. Ainsi, une opération effectuée sur l’une d’elles sera répercutée sur toutes les autres du groupe. Le
mixeur peut être utilisé en simple stéréo ou, comme pour une vraie prise de batterie, en dirigeant chaque voie vers une sortie
différente (8 sont disponibles), ou encore en attribuant indépendamment une sortie à une voie donnée. Pour finir, notons qu’on
pourra utiliser des configurations toutes prêtes via le menu presets. Encore une fois, c’est très simple et ça fonctionne sans
prise de tête.
Même si ce mixeur est bien pratique, je pense néanmoins qu’il faudra l’utiliser à des fins de
préparation du son général ou d’un
pré-mixage basique lors du couchage d’une idée. Au mixage, il vaudra mieux placer tous les faders à 0 dB, envoyer chaque voie
vers une sortie indépendante, et mixer en utilisant la console du séquenceur. Pourquoi ? Tout simplement parce que le mixeur
interne ne permet pas de router les voies vers des effets, par exemple, ni vers les corrections fréquentielles. Il ne permet pas
non plus d’effectuer des automations. Cela dit, il s’agit d’un commentaire plutôt personnel et chacun utilisera l’outil comme il
l’entend selon ses propres habitudes.
Afin de vous faire une petite idée des capacités de la bête, je vous invite à aller écouter les
démos sur le site Toontrack et je vous ai aussi préparé un
petit exemple brut de décoffrage, avec le preset de mixage par défaut, le tout en 15 minutes environ.
Pour conclure sur le son d’EZDrummer, je trouve que c’est une réussite. Il est possible d’atteindre un réalisme saisissant. Le son peut être puissant et dynamique ou doux et délicat, sec ou aéré. On a droit, en fait, à la même qualité de son que pour le DFHS, mais les différents kits sont beaucoup moins nombreux puisqu’on en a... qu’un seul. Mais voyez la suite !
EZVersatility
Le kit fourni avec EZDrummer est plutôt orienté pop/rock. Il permet néanmoins de jouer dans
d’autres styles, tels que la soul, le funk ou les ballades. Alors comment qu’on fait si on veut faire du trash métal qui tâche sa
grand-mère ? Là, on se dit que c’est bien que ce soit simple et tout ça, mais que si on ne peut pas faire ce qu’on veut avec, ça
ne sert pas à grand chose. Et bien réjouissez-vous car le logiciel est évolutif.
Prenons par exemple l’excellent Groove Agent. Il propose c’est vrai un nombre conséquent de styles de musiques et de kits de
batterie. Mais versatilité oblige, il a fallu trouver un compromis pour que le logiciel ne soit pas trop lourd. Donc, forcément,
les capacités sonores pour le rock, par exemple, sont moins avancées que celles d’EZDrummer (moins de samlpes et donc moins de
possibilités expressives). De plus, il y aura forcément un tas de styles musicaux que vous n’utiliserez jamais. En gros, vous
aurez payé certaines choses pour rien. Ce qui n’enlève rien aux qualités de Groove Agent.
EZDrummer a choisi une philosophie inverse. Il est livré avec une banque de base typée pop/rock, mais on peut lui adjoindre,
selon les goûts et les besoins, d’autres banques appelées EZXpansions. On retrouve ici le système BFD. Ces extensions sont
installées comme nu simple logiciel puis on y accède en cliquant sur le bouton... EZX (facile, encore !). Au chargement de
la nouvelle banque, une représentation graphique du kit apparaît à l’écran et tout le reste du logiciel s’adapte en fonction. Ces
banques sont, en plus, livrées avec des tonnes de boucles MIDI allant de paire avec le type de kit.
On a de la chance, car le premier kit d’extension est offert avec EZDrummer. Il s’agit d’un kit Yamaha Club Jordan Cocktail,
spécialement étudié pour certaines musiques latines : samba, salsa... Il est plus spécialisé, mais comme pour le kit "principal",
les sons sont magnifiques.
Pour finir, trois packs EZX sont d’ores et déjà annoncées : latin percussions, drumkit from hell original (pour le métal, avec
des kilos de cymbales) et un kit avec des balais et des maillets pour le jazz. Je vous renvoie à
cette page qui vous les présente , mais ils seront testés
ici dès qu’on les reçoit. Les tarifs devraient être, en plus,
très intéressants.
On aurait pu craindre que EZDrummer ne soit trop axé sur un style musical en raison de son prix et de la "petite" taille de sa
banque sonore. Mais le système EZX le rend en fait aussi polyvalent que ses concurrents, avec en plus, le choix de ne pas devoir
installer ce qui ne servira jamais. Je regretterais simplement le fait qu’on ne puisse pas panacher les kits. Un petit peu
dommage, mais cela aurait rendu le logiciel probablement plus complexe à concevoir et à utiliser.
EZRessources
La machine de test est un PC sous Windows XP Professionnel SP2, optimisé pour les applications
audio. Le processeur est un Pentium 4 C à 3.4Ghz, avec 1 Go de mémoire. La carte audio est une E-mu 1212m avec un driver ASIO
performant. Rien de mirobolant par rapport à ce que l’on trouve à l’heure actuelle, mais la machine est bien supérieure aux
recommandations de Toontrack (voir les spécifications en fin de test).
L’un des objectifs d’EZDrummer est l’utilisation la plus faible possible des ressources machine. Pour ce faire, Toontrack utilise
une technologie propriétaire baptisée TPC (Toontrack Percussive Compression). Grâce à un algorithme maison, tous les samples sont
en fait compressés sur le disque dur et dans la mémoire et décompressés en temps réel, uniquement au moment où le logiciel a
besoin d'un sample. Le tout sans perte de qualité et sans qu’aucun décrochage ne soit perceptible. Je dis, balèzes les gars ! Pas
de streaming from disk, les samples sont tous en mémoire, mais compressés. Le résultat ? La banque de son, au lieu d’occuper 5
Go, n’occupe que 1 Go sur le disque. De la même manière, le plus gros kit chargé n’occupe que 270 Mo de mémoire. Pour finir, le
disque dur ne travaille pas lors de la lecture ; il sert uniquement de stockage.
Sur la machine de test, en utilisation intensive d’EZDrummer seul, 5 millisecondes de latence, avec le plus gros kit chargé,
toutes les fonctionnalités du mixeur engagées et les grooves les plus complexes, la charge CPU atteint tout juste 10/12 %. Mais
le gros avantage de ce logiciel est de pouvoir fonctionner avec une grosse latence, puisqu'on n'a pas besoin de le jouer en temps
réel. En augmentant la latence à 20 millisecondes, la charge CPU descend à 6 %, et à 50 millisecondes, on atteint 3 % ! Autant
dire rien du tout. Et la jauge disque... aucun signe de vie (ce qui est logique). Bref, il vous restera de la puissance pour le
reste du projet, aucun problème.
En termes de stabilité, rien à redire non plus. La version du DVD (1.0) n’a pas planté une seule fois depuis qu’elle a été
installée. J’ai tout de même installé la mise à jour 1.0.1 qui est supposée corriger quelques bugs mineurs. Les bugs répertoriés
sont en outre déjà en cours d’adressage par l’équipe de programmeurs. Nul doute que l’expérience acquise par l’équipe avec le
DFHS a joué en faveur de cette fiabilité.
Pour résumer, EZDrummer est non seulement simple, mais il est en plus très performant et sympa avec votre machine. Les
technologies sont manifestement maîtrisées et éprouvées et on n'a pas sorti le logiciel dans l'urgence sans l'avoir longuement
testé (vu la liste énorme de béta-testeurs, on comprend mieux).
EZSuccess.
Autant vous le dire tout de suite : EZDrummer va faire un véritable carton. D’abord, la courbe
d’apprentissage du soft est inexistante et vous pouvez être opérationnel sans attendre de maîtriser l’outil comme c’est souvent
le cas. La longueur de ce test, bien évidemment, ne rend pas compte de l’extrême facilité d’utilisation du soft. Ensuite, malgré
un prix plancher, les sonorités sont excellentes. Pour finir, le logiciel ne mettra pas votre ordinateur à genoux. En somme,
Toontrack semble avoir trouvé le bon équilibre. Ajoutons la sortie prochaine de trois kits supplémentaires (que je ne manquerai
pas de chroniquer ici même) qui rendent l’outil évolutif et non figé, et nous tenons la formule miracle. A la question du début
de cet article, je répondrai "ben non, EZDrummer n’est pas destiné qu’aux débutants", car il permettra sans aucun doute au
professionnel de créer des parties de batteries réalistes capables de s’intégrer dans un morceau définitif. Franchement, bravo !
Je tiens à saluer et à souligner l’extrême gentillesse et la disponibilité de l’équipe Toontrack. En particulier Andreas
Sundgren, responsable produits. On sent bien que ces messieurs sont avant tout des musiciens (dont certains travaillent avec
des
stars mondialement connues), plutôt que de simples concepteurs informatiques ou des businessmen. C’est un fait assez rare pour
être souligné. Vous pourrez d’ailleurs aller leur parler sur les forums Toontrack, car le support technique est très réactif.