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Test de la Behringer BCF 2000

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Il y a des produits, comme ça, qui titillent notre curiosité dès qu’on en entend parler. La BCF 2000 de Behringer est de ceux-là. A cela, plusieurs raisons. D’abord, il s’agit de la première réelle incursion de Behringer dans le monde de la MAO, et on est curieux de savoir ce qui en ressort. Mais surtout, on connaît la politique commerciale du fabriquant qui consiste à sortir des produits de qualité tout en proposant des tarifs ultra agressifs. C’est lors du dernier Winter NAMM, fin décembre 2003, que la société a présenté les premiers prototypes de cette surface de contrôle USB/MIDI offrant une motorisation des fadeurs ainsi que la fonction « total recall » de tous les boutons et encodeurs. Le tarif prévisionnel est alors de 300 euros. Oui, 300 euros pour une surface de contrôle avec des fadeurs motorisés, quand la plupart des produits offrant cette possibilité coûtent au minimum un millier d’euros (sinon plus) et que les télécommandes d’entrée de gamme ressemblent plus à des jouets, pas très pratiques à l’usage, qu’à de véritables consoles ! A l’heure où mixer à la souris dans nos séquenceurs « usines à gaz » devient une gageure, pouvoir bénéficier de fonctions équivalentes à celles d’une Mackie Control pour un cinquième de son prix attise forcément la curiosité des MAOistes amateurs qui, enfin, vont peut-être pouvoir se faire plaisir sans se ruiner, mais aussi celle des professionnels qui ne manqueront pas de se demander ce que peut bien valoir une surface de contrôle motorisée « total recall » à un prix aussi bas. Même si je ne suis pas professionnel, je me suis retrouvé dans les deux positions parce que, d’une part, j’étais à la recherche d’une surface de contrôle motorisée (mais je ne pouvais pas m’offrir une Mackie) pour mon usage personnel et, d’autre part, je voulais absolument savoir où Behringer avait « rogné » pour pouvoir mettre des moteurs sur son appareil. A en croire le nombre de messages tombés sur les forums avant et après la sortie de la BCF 2000, annoncée finalement à 250 euros en moyenne, je ne suis visiblement pas le seul dans ce cas et il semblait nécessaire de faire un petit test du produit. J’ai donc contacté Behringer qui m’a gentiment fait parvenir un exemplaire de la bête.

Maintenant que vous savez que vous avez besoin de ce type d’appareil et qu’en plus vous pouvez vous l’offrir, voyons ce que ça vaut. Je vous donne un indice : c’est plutôt pas mal du tout !


Bien gaulée et jolie p’tite gueule.

Rien à redire sur le packaging de l’appareil, si ce n’est qu’après avoir voyagé de l’Allemagne à la France puis fait la navette entre chez moi et UPS pendant 3 jours (parce que les livreurs n’étaient pas foutus d’ouvrir une porte et trouver une sonnette), la boîte avait un peu souffert, mais à l’intérieur, rien n’avait bougé, impeccable. A l’intérieur, les habituels documents, un cable d’alimentation, un cable USB, pas de CD de drivers (on en reparlera plus bas). Et puis, bien-sûr, la BCF 2000 :o)

La première question que l’on se pose face à un prix si bas pour ce type de produit, c’est « Est-ce qu’ils n’ont pas tiré sur la qualité d’assemblage et les composants mécaniques pour pouvoir y coller des fadeurs motorisés ? ». Il se trouve que le boitier de l’appareil inspire confiance dès sa sortie de la boîte. Très bien assemblé, moitié métal, moitié plastique très dur et d’un poids surprenant vue la petite taille, ça n’est certainement pas un jouet et quand on tapotte dessus (c’est pas fait pour, mais c’est un test) et bien ça sonne plein. Pour comparer, je suis allé essayer une Evolution UC-33e et là, l’impression n’est pas du tout la même : c’est plastique à tous les étages et c’est très léger. Les boutons de la BCF, même s’ils sont un peu bruyants (mais je chipote) sont également très costauds et bien francs. Idem pour les encodeurs rotatifs sans fin qui n’accrochent pas d’un poil, restent très agréables au toucher et ne se démantibulent pas après quelques heures d’utilisation. Pour finir, les fadeurs (sur lesquels je reviendrai), boutons et encodeurs sont parfaitement alignés (verticalement et horizontalement) les uns par rapport aux autres et très bien fixés au chassis, tout comme les connecteurs et le bouton de mise sous tension en face arrière. Bref, la construction et l’assemblage sont au-dessus de tout soupçon. Rien à envier aux appareils de haut de gamme que j’ai pu avoir sous les doigts. Bien entendu, comme tout appareil électronique, il ne faudra pas s’attendre à des miracles en cas d’utilisation de type « bourrinus violentus » !

Niveau look, l’appareil présente des parties en plastique d’un bleue très foncé, alors que les parties métalliques sont semble t-il anthracite (désolé, mais j’ai un trouble de la distinction des couleurs ! On ne rit pas, c’est très sérieux !). Les commandes sont quant à elles noires. La sérigraphie blanche est bien lisible et reste sobre. Contrairement aux photographies qui font ressortir un bleu un peu cheap, l’appareil est plutôt classe et s’intègre très bien dans un home studio. Et quand tout est allumé, c’est beau ! Mais ça, on s’en fout un peu, non ? ;o)

On dispose de 8 tranches de mixage avec chacune son fadeur motorisé, deux boutons avec diode électroluminescente et un encodeur rotatif sans fin avec fonction push (soit, en fait, un troisième bouton) entouré d’une couronne de 15 LED. Pas de tranche Master, donc. Sur la partie droite, on trouve un ensemble de 14 boutons avec leur LED et répartis ainsi : 4 boutons de sélection de banque d’encodeurs, 4 boutons de fonctions, 2 boutons de sélection de preset (sans LED) et 4 boutons librement assignables. Tout en haut à droite, un petit écran à LED permet d’afficher diverses informations. On pourrait trouver tout ça un peu juste, mais vous verrez plus loin que l’appareil en tire pleinement parti. Le seul reproche qu’on pourra faire c’est de ne pas trouver d’écran LCD affichant les informations renvoyées par le séquenceur comme sur une Logic Control ou une Command 8. Sous les 4 boutons de sélection de groupe d’encodeurs, plusieurs diodes de couleurs différentes donnent des indications sur l’activité MIDI et USB. A l’arrière on trouve 2 connecteurs pour des pédales footswitch, le connecteur USB, trois prises MIDI (in, out et thru/out 2), la prise d’alimentation (pas de transfo externe, c’est très bien) et le bouton de mise en service (de très bonne qualité et très bien placé).

Question mensurations, la BCF 2000 mesure 33 centimètres de large, par 30 de profondeur et 10 de haut (encodeurs compris) pour un poids de 2,6 kilos. Elle tiendra bien en place (des petits patins autocollants en caoutchouc sont fournis) tout en occupant peu d’espace sur votre bureau, c’est un bon point. D’autant plus que l’implantation des commandes est tout-à-fait correcte, équivalente à celle d’une Mackie Control. Ceux qui ont de gros doigts ne devraient pas avoir de problème pour tourner les encodeurs.

On est donc en présence d’un appareil au look sympathique et très bien conçu matériellement. Reste à savoir ce que valent les fadeurs motorisés.


Alors, et ces fameux fadeurs motorisés ?

La caractéristique la plus intéressante de la BCF est sans conteste la presence de fadeurs motorisés de 100 millimètres. En effet, si l’on veut commander plus de huit voies de la console de mixage virtuelle du séquenceur, on va devoir utiliser des banques regroupant 8 voies chacune et on passera de l’une à l’autre en fonction des tranches que l’on veut piloter. Seulement sans motorisation, voici ce qui se passe : imaginez que vous ayez réglé les niveaux des tranches 1à 8 puis que vous passiez aux tranches 9 à 16 et que vous les modifiiez à partir de la télécommande. Lorsque vous revenez sur les tranches 1à 8, la position des fadeurs virtuels ne correspond plus à celle des fadeurs matériels. Pas très pratique. Avec la motorisation, les fadeurs de la télécommande viennent se replacer tout seuls à l’endroit où se trouvent les fadeurs de la console vituelle. De même, si vous avez automatisé les volumes de vos voies, vous verrez vos faders se déplacer comme par magie. La BCF est la seule surface de contrôle à proposer cette fonctionnalité pour moins de 300 euros (les autres marques ne le proposent pas).

La deuxième question qu’on peut se poser est « Qu’est ce qu’ils ont bien pu monter comme fadeurs motorisés pour que la différence de prix soit aussi énorme face à une Mackie control ? ». A vide, ces fadeurs se comportent comme n’importe quel fadeur de console analogique ou numérique de qualité. Ils n’accrochent pas du tout et aucun bruit de frottement ne se fait entendre. On retrouve le toucher de fadeurs de type ALPS, entrée de gamme mais solides et avec lesquels on se sent rassuré. Pour comparer, je suis allé essayer quelques surfaces de contrôle. Le toucher approche celui des fadeurs d’une Mackie ou d’une FW 1884 et, étonnamment, il est bien au-dessus de ce que l’on peut trouver sur la 01x (désolé Pascal ;opp) qui fait plastique en comparaison, avec une course de 60 millimètres seulement. Une fois l’appareil branché, on est égalament agréablement surpris. Très peu de bruit hormis un léger clac en bout de course et un petit bruit de moteur. En comparaison, j’ai trouvé les Penny and Giles de la Mackie Control plus bruyants et moins « glissants ». Pour finir, lorsque les fadeurs suivent une automation, le mouvement est fluide et sans à coup, et le calibrage se fait au millimètre. Il ne manque que la fonction « touch sensor » qui permet aux moteurs de se débrayer automatiquement lorqu’on touche un fadeur afin d’éviter de les forcer si l’on veut corriger une automation, par exemple. Sur la BCF 2000, une touche permet de les désactiver provisoirement, c’est un bon compromis prix/performance.

Les fadeurs motorisés de la BCF 2000 sont donc une très bonne surprise car ils n’ont rien à envier à ceux que l’on trouve sur les matériels bien plus couteux, même si ces derniers offrent, en plus, la fonction « touch sensor ». Il faudra voir, en revanche comment les fadeurs de la BCF vieilliront, mais après un bon mois d’utilisation intensive, je n’ai noté aucun signe de faiblesse.


Installation, mise à jour de l’OS et upload de presets.

La machine peut être utilisée aussi bien via ses prises MIDI que via son port USB. On l’utilisera en MIDI pour piloter par exemple un synthé hardware ou un séquenceur hardware et plutôt en USB pour fonctionner sur un ordinateur avec un séquenceur et des synthés logiciels. Pour ce test, je l’ai utilisée en USB, avec Windows XP Pro pour commander Cubase SX 2.2 et les VST-i. L’installation est on ne peut plus simple. Il suffit de brancher la machine au secteur puis à l’ordinateur via le port USB. Windows reconnaît la BCF et installe un driver générique MIDI. On peut ensuite, si on le désire, installer le driver dédié, disponible sur le site Behringer. Il présente le gros avantage d’être multiclient. Vous pourrez alors brancher plusieurs BCF sur différents ports USB et elles seront automatiquement reconnues et différenciées. De la même manière, vous pourrez piloter simultanément plusieurs applications à partir d’une seule BCF. En revanche, ce driver n’est disponible que pour Windows XP/2000 et pas pour Windows 98, ni pour Mac OS X (il est annoncé, cependant). A noter que pour une fois, c’est sur Mac que l’installation de l’appareil s’avère la plus compliquée ! La machine propose plusieurs mode d’utilisation USB et MIDI selon la manière dont on voudra l’utiliser (on peut par exemple l’utiliser en USB en bénéficiant des prises MIDI comme interface supplémentaire). Enfin, plusieurs unités de la BCF peuvent être cascadées pour un contrôle sur 16 ou même 24 pistes sans changement de groupe de tranches et en n’occupant qu’un seul port USB. Pour plus d’infos sur les différents mode, je vous invite à télkécharger le manuel de la BCF sur le site de Behringer.

Depuis la sortie de la BCF, plusieurs mises à jour du système d’exploitation de la machine (firmware) ont été mises à disposition. Cette mise à jour est extrèmement simple à effectuer. Elle consiste en un fichier SysEx que l’on uploade dans la machine en utilisant un utilitaire du type MidiOX ou SendSX. Mieux encore, un utilitaire est égalment disponible sur le site Behringer pour encore plus de simplicité. Il suffit alors d’allumer la machine, de lancer l’application puis de charger le fichier voulu. La BCF est alors détectée, puis la mise à jour commence. Une fois l’upload terminé, la machine reboote toute seule et le nouvel OS apparaît brièvement dans l’afficheur. On verra plus bas que ces mises à jour sont nécessaires parce qu’elles apportent un tas de nouvelles fonctions à la machine.

Terminons avec le chargement de presets de télécommande dans la machine. Si vous ne désirez pas programmer vous-même toutes les commandes de la machine en fonction du logiciel à piloter, il existe déjà quelques presets disponibles sur le site Behringer qui donneront un bon point de départ pour apprendre à manipuler l’appareil et à mieux comprendre son fonctionnement. Pour charger un preset dans la BCF, la manœuvre est exactement la même que pour l’OS, mais l’application « made in Behringer » ne fonctionnera pas, il faudra SendSX ou MidiOX. Une fois l’upload terminé, il suffit d’enregistrer la preset dans une mémoire (j’y reviendrai plus bas). Un éditeur graphique de presets est attendu pour très bientôt également, et il y a fort à parier que dans quelques mois on pourra trouver une ribambelle de presets dédiés à nos VST-i et séquenceurs favoris. D’ailleurs, un premier site d’échange s’est monté ici.

La facilité de mise à jour de l’appareil permet à n’importe qui de maintenir la machine « up to date » et de bénéficier des améliorations apportées. Le tout gratuitement. La BCF 2000 est donc une machine évolutive, non figée. Et vous allez voir que ce n’est pas tout !


Des possibilités impressionnantes.

La BCF 2000 est donc une télécommande MIDI. C’est-à-dire qu’en manipulant une commande physique de l’appareil, un message MIDI est transmis à l’application pilotée, et inversement, l’application renvoie des mesages MIDI qui permettent à l’appareil de se mettre à jour automatiquement (fonction « total recall »). Le paramétrage peut se faire de plusieurs façons : soit en utilisant les touches de fonctions pour paramétrer individuellement chaque commande physique depuis la BCF (mode Edit), soit en utilisant le mode Learn qui permet à l’appareil d’apprendre automatiquement un message MIDI provenant de l’application puis de le conserver. Ce mode est très pratique à condition de ne pas piloter une application nécessitant des messages MIDI trop exotiques. Une fois les commandes configurées et sauvegardées dans une présélection (bouton Store), on peut alors paramétrer le logiciel pour qu’il réponde aux ordres transmis. Pour Cubase SX (en version 2.2 ou toute version de 1.0 à 1.06) on utilisera le périphérique Generic Remote que l’on configurera en fonction. Pour un VST-i en mode stand-alone, on pourra utiliser la fonction MIDI learn du logiciel si elle est disponible pour un paramétrage rapide. Les presets disponibles sur le site Behringer proposent, en plus du fichier SysEx à uploader dans la machine, les fichiers de paramétrages Generic Remote pour cubase (ainsi que pour Sonar et Logic) selon ce que l’on voudra commander dans le logiciel (16 pistes, VST-i, pistes MIDI…). Ceux qui ne savent pas du tout paramétrer la Generic Remote ne seront pas perdus. Heureusement d’ailleurs qu’il existe des presets tout prêts car configurer chaque commande risque d’être très très long. Vous allez comprendre pourquoi !

La BCF propose donc 8 faders et 20 boutons paramétrables, ce qui porte le nombre de commandes possibles à 28. On a ensuite 8 encodeurs sans fin avec une fonction push, soit deux messages MIDI par encodeurs, et ces encodeurs peuvent être organisés en 4 banques de 8, soit un total de 64 messages MIDI. Ajoutons pour terminer les 4 boutons restant et on atteint 96 commandes possibles aux quelles viendra s’ajouter un éventuel footswitch branché en face arrière (idéal pour lancer l’enregistrement à la volée, par exemple). Pour finir, la BCF dispose de 32 emplacements mémoire permettant de sauvegarder plusieurs configurations de la télécommande en fonction du logiciel piloté ou du type d’utilisation qui sera choisie. Chaque commande peut envoyer toutes sortes de messages, du simple Control Change au message NRPN, en passant par les messages MMC et Note On, tous avec leurs réglages respectifs (canal MIDI, adresses, vélodité des note on, et bien d’autres). Poue effectuer tous ces paramétrages, on presse ou on déplace la commande concernée tout en maintenant le bouton Edit, puis on utilise les 8 encodeurs rotatifs, gérant chacun un type de paramètre. Ces paramètres apparaissent alors dans l’afficheur à LED, de façon très claire. Autant dire que vous ne serez jamais à cours de possibilités de programmation et de configuration pour chacun de vos logiciels.

Pour les encodeurs et les fadeurs, on peut choisir la résolution MIDI (le nombre de pas d’incrémentations envoyés et reçus par la machine). On peut aller jusqu’à 14 bits en valeur absolue, soit 16 384 pas d’incrémentation. Autant dire que si vous parvenez à voir la moindre saccade dans les mouvements de fadeurs, je vous paie des prunes ! En revanche, ce mode ne sera disponible que si vous choisissez d’envoyer des messages NRPN qui permettent autant de valeurs différentes (alors que le simple CC ne permet que 128 valeurs).

J’ai noté quelques problèmes avec Cubase SX 2.2. Lorsque l’on atteint la valeur maximale d’une commande de la BCF, on n’atteint pas la valeur maximale de l’objet piloté dans le logiciel. De même, j’ai remarqué qu’en atteignant la valeur centrale des fadeurs de volumes, Cubase envoyait un message qui faisait « accrocher » les fadeurs motorisés. Finalement, il s’est avéré que le problème vient de Cubase qui code la valeur centrale d’un paramètre avec deux incréments. Résultat : passé le centre d’un panoramique, par exemple, la position d’un fadeur (ou d’un encodeur) est décalée d’un incrément par rapport à la position du curseur à l’écran. Le problème s’est finalement réglé en modifiant le script de la Generic Remote . Sans rentrer dans les détails, si par exemple, la valeur maximale envoyée par la BCF est de 999, il suffit de configurer la valeur maximale « attendue » par la Generic Remote à 998, et le problème est réglé.

Bref, on ne risque pas de se retrouver à cours de commandes et on peut quasiment tout piloter sans s’y perdre gràce aux 32 préselections que l’on peut rappeler à tout moment. Notez que des gabarits imprimables et découpables sont disponibles. Vous pourrez les utiliser comme des « overlays » (à poser sur la machine) contenant le nom des fonctions commme le proposent Mackie et Evolution pour leur contrôleurs. Et ce n’est toujours pas tout !


Des fonctions cachées mais bien là et bien pratiques.

Lorsque j’ai commencé à tester la machine, j’ai bien-sûr tout de suite essayé le preset dédié à Cubase SX. En dehors du fait que tout fonctionnait très bien, j’ai eu la surprise de voir que les touches dites de fonctions étaient affectées à des commandes. Du coup, impossible de modifier le preset et impossible de le sauvegarder ailleurs qu’à l’emplacement 1. De plus, une des touches avait deux fonctions, dont l’une servait à désactiver les moteurs des fadeurs. Rien du tout dans la doc à ce propos. J’ai alors eu l’idée d’ouvrir le fichier SysEx du preset dans un éditeur hexadécimal. Et là, surprise ! En modifiant les lignes ASCII directement j’ai pu modifier le preset et découvrir des fonctions non documentées et inaccessibles depuis les touches de fonctions de la machine. En voici quelques unes, en vrac (il y en a certainement d’autres mais je n’ai pas tout compris) :

Malheureusement, ces paramètres ne sont pas accessibles autrement. Behringer annonce qu’ils le seront (tous ou pas ?) grâce à l’éditeur graphique B-Control Edit qui doit être disponible bientôt. Pour le moment, vous devrez utiliser un éditeur héxa.

Avant que le manuel ne soit mis à jour (lui aussi), j’ai pu découvrir deux autres fonctions non documentées et très pratiques. Les fadeurs peuvent être configurés selon trois modes : motorisé (classique), soft overtake (les moteurs sont désactivés et lorsque l’on bouge un fadeur sur la BCF, le fadeur correspondant ne commence à bouger que quand on passe par sa valeur actuelle) et « move » (le fadeur virtuel saute directement à la valeur envoyée par le fadeur matériel quand on le déplace). Les couronnes de LEDs autour des encodeurs peuvent également fonctionner selon plusieurs modes (que je n’expose pas ici car il y en a trop) pour s’adapter parfaitement au type de paramètre contrôlé dans le logiciel (pano, filtre, EQ, bande de fréquences…). On peut même utiliser ces couronnes de LED comme VU-mètres !

Lorsque l’éditeur graphique sera disponible, et à condition qu’il donne accès à tous les paramètres « invisibles », il sera possible de se construire des presets sur mesure. Malheureusement, les débutants seront complètement paumés parce que la doc est très succinte concernant la programmation aprofondie de la machine. Nul doute que Behringer pensera à inclure un PDF avec son éditeur graphique, car c’est nécessaire.


Emulation Mackie/Logic Control et Baby HUI.

Alors que j’étais en train de rédiger ce petit test, coup de théâtre ! Je vous disais plus haut que la présence d’un afficheur LCD faisait défaut sur l’appareil et que le paramétrage total de la bête pouvait être extrèmement long. Et bien, Behringer vient de trouver une parade. La mise à jour 1.06 du système d’exploitation de la machine permet, en natif, un mode d’émulation des surfaces de contrôle Mackie (Logic Control pour Logic Audio, Mackie Control pour Cubase/Nuendo et pour Sonar, Mackie Baby HUI pour Pro-Tools et d’autres logiciels). Et en accompagnement, un astucieux petit utilitaire simule l’afficheur LCD de ces machines sur l’écran de l’ordinateur (les premiers à l’avoir fait étaient Tascam avec la FW 1884 parce qu’ils avaient, semble t-il, oublié de mettre un LCD sur l’appareil).

Et cette émulation, même si elle demande à être encore améliorée (plus parce qu’il faut tenir compte de quelques changements dans notre Cubase préféré que parce que les programmeurs ont fait des erreurs) est une réussite. Premier avantage : on n’a pas besoin de configurer quoi que ce soit (pas de script Generic Remote à programmer, mais votre application devra gérer le protocole Mackie en natif). Deuxième avantage : toutes les touches sont affectées à des fonctions ou commandes et, gràce à deux touches « shift », chaque bouton (ou fonction push des encodeurs) peut envoyer trois commandes différentes. On accède alors aux principales fonctions d’une Mackie Control (transport, touches F1 à F8 assignables, débrayage des moteurs, flip de fadeurs, affichage des pages de paramètres et de leur nombre….), avec son afficheur LCD virtuel à l’écran. Troisième avantage : dès qu’on charge un VST-i ou un effet, ou dès qu’on ajoute une piste quelconque, tout se met à jour automatiquement (l’utilisation en mode télécommande générique nécessite d’éditer le script en fonction du projet ouvert dans le séquenceur) Encore une ou deux mises à jour et ce sera parfait. Il faudra juste penser à garder le « template » des fonctions sous les yeux, le temps de l’apprendre par cœur. Vous pourrez également vous fabriquer un overlay contenant toutes les fonctions.


A l’usage.

Après quelques heures, j’ai pu utiliser la BCF sans aucun problème particulier. J’avais, c’est vrai, déjà manipulé ce type d’appareil et je connais suffisamment le protocole MIDI, mais le manuel, même s’il reste assez bref sur les fonctions poussées de la machine, permet au débutant de se familiariser en douceur avec la programmation et l’édition. En revanche, si vous ne maîtrisez pas suffisamment les fonctions de votre séquenceur liées à la gestion des télécommandes, vous risquez d’avoir plus de mal car celui-ci devra également être paramétré et adapté. Le mode d’émulation Mackie permettra d’éviter ce problème, à condition que l’application puisse gérer cet appareil.

Je n’ai eu à déplorer aucun problème de décrochage, sauf avec la toute permière version du driver USB qui m’obligeait à redémarrer pour que la BCF soit de nouveau reconnue. Le temps de réaction de l’appareil lors de la réception d’informations depuis le séquenceur ou le VST-i est presque imperceptible. Il n’y a quasiment aucune latence (je l’évalue à environ 20 millisecondes). Idem dans le sens BCF-séquenceur. Lors des changements de groupes de tranches ou de presets, le rappel automartique des fadeurs se fait instantanément également (à peine un quart de seconde). On peut donc mixer dans de très bonnes conditions. En revanche, l’appareil ne semble pas vraiment destiné à faire un travail d’édition poussé et on devra tout de même utiliser un peu la souris pour les opérations de base du séquenceur. Encore qu’avec de l’organisation il est tout-à-fait possible de tout gérer. Mais cela prendra beaucoup de temps à paramétrer et à mettre au point. Il faut que Behringer se dépêche de mettre son éditeur graphique à disposition sur le site (je ne manquerai pas de faire un petit ajout à cet article dès qu’il sera disponible).

En bref, l’appareil s’avère très agréable à utiliser.


Bon, ben……. tout simplement, bravo !

C’est bien simple, la BCF 2000 est la meilleure surface de contrôle motorisée à moins de 300 euros disponible sur le marché. Et pour cause, c’est la seule ! Hormis un manuel trop succint qui fait l’impasse sur beaucoup de paramètres et d’aspects importants de l’appareil, les possibilités sont tout simplement exceptionnelles pour ce prix. Le mode d’émulation Mackie très réussi avec son Soft LCD vient couronner ce tableau pour bien enfoncer le clou (même si je reste persuadé que l’ajout d’un vrai afficheur LCD et de « touch sensors » en ferait un best-seller, pour quelques euros de plus). Les petites surfaces de contrôle UC16 et 33 de chez Evolution sont littéralement surclassées. Ajoutons à cela un support à l’écoute et des mises à jour régulières et utiles, et vous avez un produit excellent.

J’ai tellement aimé la BCF qu’au lieu de la renvoyer chez Behringer, je l’ai gardée et ai envoyé un chèque au monsieur pour l’acheter. Certes, ça fait pas aussi classe qu’une Mackie Control ou une Command 8 Degidesign sur un bureau, mais pour le simple « hobbyist », l’appareil remplit toutes les fonctions qu’on attend de lui, et même plus, pour un prix défiant toute concurrence et dans un encombrement réduit.

Reste à savoir une chose. Comment cela va t-il vieillir ? Ben………faites un rapide calcul. En utilisation normale, si un élément pète avant la fin de la garantie, on vous réparera la BCF gratuitement (connaissant un peu Behringer, peut-être même qu’on vous la changera). Si quelquechose pète après la garantie, la BCF vous aura couté 20 euros par mois (en admettant qu’elle lache après pile un an). Pour ce prix, vous n’aurez aucun remord à la jeter et à en racheter une. Il faudra en racheter 5 pour avoir une Mackie Control ! Au pire, un fadeur motorisé se change très facilement ! Rapport qualité/performances/possiblités/prix exceptionnel, j’en suis tout retourné ;o)

Les fadeurs motorisés enfin démocratisés, merci Behringer.


Remerciements

Je tiens à remercier tout particulièrement Torsten Notzke, directeur du service Public Relations chez Behringer qui, malgré mes dizaines de mails est toujours resté disponible et sympathique (et qui le reste, d’ailleurs, malgré les dizaines de mails que je continue à lui faire parvenir ;op). Cela devient suffisamment rare de la part d’un fabricant pour être souligné et apprécié. Donc, merci Torsten ;o)


  • Type de matériel : surface de contrôle MIDI avec fadeurs motorisés
  • Fabricant/Distributeur : Behringer
  • Nom de code : BCF 2000, B-Control Fader
  • Prix moyen constaté : 250 à 300 €uros selon les revendeurs (cherchez bien)

Existe aussi en version Rotary de 190 à 230 €uros, avec 24 encodeurs rotatifs sans fin et couronnes de LEDs à la place des 8 fadeurs motorisés.

  • les + : la qualité de fabrication, la simplicicité de programmation, l’émulation Mackie et l’ingénieux BCFView, le prix
  • Les - : le manuel un peu léger, pas de LCD, pas de « touch sensor » (mais à ce prix-là…), pour le reste, ben je cherche encore.

    Ceedjay, le 05-09-2004

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