En tant que guitariste plutôt branché gros son de gros amplis à grosses lampes, l’idée de connecter mes guitares dans un plug-in aurait une certaine tendance à me rende moqueur, en toute subjectivité, sans même essayer. Ma JEM dans un plug-in, arf arf arf ! Allez FeedBack, arrête de ricaner niaisement et songe à ceux qui n’ont pas d’ampli, à ceux qui ont des voisins pas très compréhensifs, à ceux qui veulent jouer le soir au casque, etc.
Comme il n'y a que les mauvais guitaristes qui ne changent pas d’avis (ça m’arrange !), j’ai quand même pris le parti de vouloir tester l’un de ces modéliseurs d’amplis logiciels.
En association avec Hughes et Kettner (ah oui, quand même), Steinberg nous propose donc Warp VST qui prétend émuler 3 sortes d’amplis connus à lui tout seul : Jazz Chorus, Plexi et Rectifed. Je vous laisse mettre une marque sur chacun de ses modèles ! On retrouve dans ce plug-in les 3 sortes de son typiques de la guitare électrique : clair, crunchy et saturé.
Le principe est simple : on choisit l’un des trois amplis, on lui branche l’un des trois baffles proposés (4 x 12 British, 4 x 12 Greenback ou Combo), on joue avec les potards et ça doit sonner. J’ai essayé les combinaisons possibles de deux façons : en jouant de la guitare avec, et en triturant tous les réglages à partir des "songs" de démo présentes sur le CD.
Jazz Chorus
Première chose étonnante : le bruit de fond. Warp réagit comme un ampli, par conséquent, il n’amplifie pas que le son, mais également les bruits parasites, et pas qu’un peu. Il faudra donc être très vigilant et tuer toute source de parasite incongrus du style écran de l’ordinateur ! Un Noise Gate en insert sera plus que bienvenu dans ce cas là. J’avais noté la même chose avec AmpliTube et Revalver…
La section Jazz Chorus est réservée aux sons clairs. Les réglages sont plutôt minimalistes : volume, bass, mid et treble. L’action des trois derniers est subtile, pour ne pas dire limitée, les variations entres les réglages extrêmes ne sont pas très sensibles. Par contre, le choix du baffle sera assez intéressant. Le modèle combo donne une belle présence alors que les deux 4 x 12 apportent plus de basses et d’ampleur.
Bref, Warp délivre un son clair tout à fait utilisable et apportera vraiment quelque chose de plus à celui qui a pour habitude de brancher sa guitare directement dans la console ou la carte son. En poussant le volume à fond, on pourra tordre légèrement le son de façon pas désagréable du tout.
Warp ne consomme que très peu de ressources processeurs, un point important qu'il fallait souligner !
Plexi
Passons aux son dits crunchy. Houla, j’ai parlé trop vite, la jauge de performance fait un bond de 15 % ! Et du coup, le logiciel ajoute sa propre latence à celle de la carte son, attention donc.
Dans cette option, on a un peu plus de réglages : gain, master, bass, mid, treble et presence. Inutile de décortiquer la fonction de chacun, n’est-ce pas ? Comme pour le Jazz Chorus, les égaliseurs ne sont pas très violents, il vaut mieux aimer le grain de base car il sera difficile d’obtenir autre chose.
A mon goût, la section Plexi est la plus intéressante du plug-in. Bien sûr, impensable de retrouver exactement le son qu’on obtiendrait avec un ampli à lampes bien chauffé et un bon micro devant, mais il est assez facile d’obtenir un son moelleux, doux, qui tord uniquement lorsqu'on entre un peu plus dans la corde. La piste de guitare écoutée isolément ne fera peut-être pas illusion auprès d’un guitariste averti mais une fois entrée dans le mix, cela passe sans problème.
Petit conseil : essayez le Plexi avec le gain à la moitié de sa course et avec le micro central d’un Strato, vous m’en direz des nouvelles. Avec un micro grave double bobinage, c’est pas mal non plus ! Le seul impératif sera de maîtriser le bruit de fond qui reste quand même assez présent.
Warp VST
C’est ici que l’on nous promet le gros son ! Surprise, la partie Warp semble moins gourmande en ressources que le Plexi, on regagne un peu en latence.
Les réglages sont les mêmes que pour le Plexi mais s'avèrent plus efficaces et plus sensibles. On peut réellement travailler le son.
Mais alors, le bruit de fond… Dès que l’on pousse le gain à plus de la moitié, le souffle obtenu ne peut plus être ignoré et masqué. Je sais bien que quand j’enregistre un ampli avec un micro devant, j’enregistre aussi le souffle de l’ampli et celui généré par le micro mais je n’ai jamais obtenu un tel bruit de fond. Aucun Noise Gate n'en viendra à bout, on perdrait alors l’attaque et le sustain. D’autant que pour saturer au maximum, il faut entrer fort dans le plug-in. A ce sujet, deux VU-mètres (entrée et sortie) auraient été les bienvenus, car on ne sait jamais trop on l’on se situe.
Même en jouant avec tous les réglages, je n’ai pas réussi à obtenir un son lead digne de ce nom : l'ensemble reste statique, linéaire et pour tout dire, transistor. Le manuel promet qu’on jouera comme Steve Vai, je vais vous dire, c’est même pô vrai !
Alors quoi, tout pas bon ? Nan nan, la partie Warp est très bien pour une chose : les grosses rythmiques en "mi" avec un son très grave ! Comme pour le Plexi, une fois dans le mix, cela fait illusion, mieux : ça sonne… Et ça sonne même très gros. A mon humble avis, il faudrait sûrement réserver cette section de Warp à cet usage.
C’est un plug-in !
Donc conséquence : quand on enregistre une partie de guitare, c’est le son non traité qui est mémorisé par le séquenceur et sur ce point, Warp dispose d’un atout qu’aucun ampli ne vous proposera : pouvoir corriger le son après l’enregistrement. Eh oui, on applique Warp à une piste de guitare pure, il est donc tout à fait possible de passer du Plexi au Warp après coup, si cela vous dit. Il est quand même assez confortable de pouvoir corriger le gain et l’EQ après coup.
Ca vous fait quel effet ?
On pourrait reprocher à Warp de ne proposer aucun effet interne comme le font par exemple Revalver et AmpliTube, ce à quoi je répondrai : vu le nombre de plug-ins disponibles pour votre séquenceur préféré, payants ou gratosware, je ne vois pas où est le problème… Warp prétend remplacer un ampli, et rien de plus.
Alors ces ricanements ?
Effectivement, je ricane un peu moins, sous réserve de ce que j’ai dit concernant les sons très saturés ou lead, Warp se révèle tout à fait utilisable. J’imagine les conditions d’utilisation suivantes :
Les guitaristes les plus exigeants (ils sont en général intraitables sur la question de leur son) préféreront sûrement utiliser leur matériel.
Un mot sur la latence
Comme évoqué plus haut, il faut noter que Warp ajoute sa propre latence à celle de la carte son. Par conséquent, pour une utilisation en temps réel, il est indispensable de disposer d’un bon driver qui offrira moins de 5 millisecondes de latence...
Exemples
Je vous ai préparé un mélange de deux des MP3 de démo livrés avec le logiciel. Il n’y a aucun trucage, j’ai pu le vérifier car les "songs" d’origine sont également livrées… Le morceau commence avec le Jazz Chorus, se poursuit avec le Plexi pour finir par le Warp. Au passage, je pense que c’est Virtual Guitarist qui assure les guitares sèches rythmiques. Pour télécharger la démo, cliquez ici (1765 ko).
Au final...
Je conclurai en disant que Warp offre trois choses : un son crunch tout à fait sympathique, un son clair utilisable et un son saturé dont l’usage sera assez limité, à mon avis, le tout dans une interface très facile à utiliser, pour un prix de 359 € TTC.
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