" Allumer le PC, enregistrer une piste, 12 pistes, je sais à peu près faire ! C'est le mixage qui pêche chez moi. Exemple, j'ai une batterie, une basse en midi, 2 guitares rythmiques, une à droite, une à gauche, son saturax en audio. Je mets un zoli solo au milieu. Et là, j'ai une purée indigeste ! Qui peut me donner quelques conseils pour rendre chaque piste "distinguable" l'une de l'autre ? J'ai beau jouer avec les reverb et les eq, pas terrible. Vous savez quoi ? Je crois que c'est un vrai métier ! "
Lorsque Feed commence à baigner dans la purée, c'est que le problème est vraiment ardu. Plutôt que de se marrer en le regardant s'enfoncer, des éminences grises de la Mailing-List Cubase - qui n'avaient pourtant rien à y gagner - se sont mis à l'aider ! Votre serviteur s'est alors dit qu'il serait dommage que tous les conseils exprimés ne s'évaporent, et a décidé de consolider tout ça. Ca peut servir à d'autres et en particulier à votre serviteur lui-même.
Vos remarques sont les bienvenues, car il est bien entendu utile de compléter et d'améliorer cet exposé au fil du temps.
Votre serviteur n'a rien inventé, vu qu'il n'y connaît rien ! Remerciements donc à Miroslav HERMAN, FeedBack, Léo-Pierre CUSTEAU, Gilles BLAIS, CATS, Stéphane SICHI, Bruno BARBERI. Que les oubliés se fassent connaître, on les ajoutera !
1 - Les conditions initiales pour un bon mix
Commencer à mixer suppose que l'on ait déjà enregistré ou programmé un certain nombre de pistes midi ou audio. La partie est peut-être déjà perdue ou bien engagée à ce stade.
Avoir un bon arrangement
Le son peut être réparti sur au moins trois axes : le temps, les fréquences, l'espace. L'arrangement détermine la répartition sur l'axe des temps. Si toute la troupe a joué le temps fort, ne venez pas vous plaindre après au niveau du mix. Ca sera trop tard?
Maîtriser le son
Malheureusement, en dehors de tout mix, les occasions de détériorer le son ne manquent pas. La pièce où se fait l'enregistrement résonne-t-elle ? S'il y a plus d'un micro, sont-ils en phase ? Sont-ils bien positionnés ? Le type de micro est-il adéquat pour le type d'instrument ? La qualité de la carte de son détériore-t-elle les enregistrements ? La console possède-t-elle un EQ paramétrique ? Colore-t-elle les sons ? La compression abime-t-elle le son ? S'il y a besoin d'augmenter ou de couper plus de 3 à 4 dB, alors la prise de son initiale est probablement défaillante. Une mauvaise prise de son ne donnera jamais plus qu'un compromis au mixage, peu importe l'égalisation.
Ca fout un peu les jetons (merci Gilles). Mais au début, on n'est peut-être pas obligé de se prendre la tête avec tout ça. Se rappeler simplement qu'il faut avoir une bonne prise de son très pure (sans effets ni perte de fréquences) pour ne pas se fermer de portes plus tard. On sait rajouter de la réverb sur un son, on ne sait pas vraiment l'enlever si elle est présente à la prise de son (pièce qui résonne). Avoir aussi de bons sons midi...
2 - Le mix
Nous avons déjà vu qu'il fallait répartir les sons selon 3 axes : temps, fréquence, espace. Pour le temps, les dés sont déjà relativement jetés. Pour les deux autres axes, c'est tout le problème du mix.
Le mix final, donc le son que l'on entend, est une espèce d'empilage de différentes couches de sons, une sorte d'immeuble avec pleins d'étages. Certains instruments sont à des étages fixes (ex : Basse et Kick : en bas - HH cymbale en haut). Là où cela se corse, c'est au milieu car là, il y a tout le reste : voix, guitares, clavier, caisse claire, toms, cuivres... (Merci Stéphane).
Répartir les fréquences : l'égaliseur
Il faut partir du principe qu'on ne peut mettre qu'un seul instrument à chaque étage, et donc en appauvrir certains pour qu'ils montent ou descendent d'un étage. Exemple : si la est basse très ronde, alors faire un kick très piqué (pas de fréquences basses qui traînent) ; ceci est applicable à tous les étages. Autre exemple, si on a un bon son de voix en augmentant par exemple la fréquence 1.8 K, alors on coupe un peu de cette fréquence sur la piste de guitare.
Un moyen peut être de passer à l'analyseur de spectre chaque instrument pour éviter qu'il y en ait deux qui se recouvrent sur une trop grande plage de fréquence. Si tel est le cas, passer un petit coup d'égaliseur paramétrique pour atténuer les fréquences qui ne sont pas les centrales de l'instrument.
Lors de l'égalisation des pistes, mieux vaut couper qu'ajouter.
Utiliser au mieux l'espace : le panoramique
Pour le milieu (médium), vu qu'il y a beaucoup d'infos, on joue aussi sur les étages mais en panoramique, ce qui permet d'aérer le mix, de détacher des parties sans qu'elles soient plus fortes... L'étage doit aussi être équilibré, ce que l'on cherche à faire en permanence avec le panoramique en positionnant deux parties complémentaires sur un même étage mais à des pans opposés. Exemple : Gimmick de guitare wha-wha à 10 h, Gimmick de clavier à 14 h.
Pondérer l'importance de chaque piste : le volume
Ce qui est très important, ce n'est pas d'avoir le son d'un instrument énorme, car il va forcement piquer la place à un autre (rien de pire que de grosses nappes de synthé qui vont bouffer la basse, et la on dit : "p####, j'entend plus la basse", on la monte :"p####, j'entends plus la guitare rythmique", on monte ... et c'est l'escalade. Idem avec des guitares saturées MONSTRUEUSES...). L'important est au contraire que le son de cet instrument s'intègre bien dans le mix. Penser plutôt à appauvrir les sons individuels pour mieux les lier.
En rajouter : les effets
Ca m'aurait étonné qu'il n'y en ait pas un qui ne pose la question? Déjà, un peu comme pour le volume, du doi-gté. On s'est éreinté à faire quelque chose de clair, c'est pas le moment de tout foutre en l'air. Commencer en général le mix quasiment sans effets. Ensuite, mettre les bons effets sur les bons instruments (pas faire n'importe quoi). Des effets il y en a des tas (réverb, delay, chorus, Flanger pour ne citer qu'eux), et des paramètres associés aussi (départs pré- ou post-fader, pourcentage entre son direct (dry) et effet pour ne citer qu'eux). Afin de ne pas faire une grosse verrue dans l'exposé et de ne pas atteindre le seuil d'incompétence de votre serviteur, cf. la référence bibliographique " Effets : paramétrage et mode d'emploi ".
Ne jamais oublier que les effets sur-utilisés brouillent le mix, surtout s'ils sont de mauvaise qualité.
Tester un mix
Une fois le mix terminé, il faut l'écouter sur d'autres enceintes, dans d'autres lieux (voiture, salon), sur différents lecteurs (chaîne salon, autoradio, magnéto à 3 sous ....) pour avoir différentes conditions acoustiques. On peut aussi passer en mono pour voir si tout se tient.
Le cas échéant, remixer encore et encore pour que ca passe !
Se former au mix
Le plus important : écouter beaucoup de musiques différentes des disques, des mix, analyser le pourquoi on entend cela, comment, etc...
Il faut aussi bien connaître ses enceintes de travail (écouter des disques qu'on aime bien, le plus souvent dessus).
3 - Et Cubase dans tout ça ?
Eh bien il faut éplucher les rubriques ad hoc du site et la documentation Cubase pour maîtriser toutes les fonctions du mix (le mix midi, le mix audio, le mix audio + midi, les effets Cubase, le renfort des plug-ins).
4 - Bibliographie
Titre : "LE LIVRE DU SON"
Editeur : MUSICOM Publication
Auteur : SIGWALT and CIDON
Un excellent bouquin pour démarrer comportant quelques rappels théoriques de base (il vaut mieux avoir au moins son certificat d'études pour suivre...) et une foule d'explications et d'exemples d'utilisation de chaque machine élémentaire, compression, égalisation, et bien d'autres.
C'est écrit par des ingénieurs du son qui ont dû déjà pas mal rouler leur bosse dans le milieu et même si le bouquin manque un peu d'organisation et de rigueur, on a vraiment l'impression de recevoir un cours à domicile sur le mixage. Il y a énormément d'exemples concrets, d'ailleurs les exemples sont complètement intégrés aux explications. Il comporte même un CD d'accompagnement pour mieux se rendre compte des différents aspects du mixage. Ce CD comporte un test de surdité, pour que vous puissiez mesurer à quel point vous êtes déjà sourds...!!!
Bref, le livre est à mi-chemin entre un pavé rempli d'équations absolument hermétiques, et un hors série de magazine expliquant que la compression çà sert à compresser et qu'il faut faire attention car les appareils de qualité sont plus chers....
Titre : " Paramétrage et mode d'emploi "
Micro et Musique n°4, décembre/janvier 97/98
Cet article explique en trois pages ce qu'est un effet, comment on le réalise, comment on le paramètre, etc. Les notions de départ pré/post fader, branchement en série ou parallèle, départs et retours console, sont définies. Les principaux effets (réverb, delay, chorus, flanger) sont exposés. Quelques matériels sont passés en revue.
Pour une initiation, l'exposé est clair et synthétique.
Citations
Écoutez l'espace entre les instruments, autrement dit essayez de capter l'air qui se faufile entre les sons". (Leo Pierre)
Je préciserais un peu l'image de l'immeuble. Chaque instrument joue et ne joue pas. Son adresse dans sa carte d'identité est au 3ème étage OK, mais le fait qu'il joue peut être considéré comme une apparition à la fenêtre, et nous, les auditeurs sommes dehors en train d'observer le spectacle des gueules qui apparaissent dans les fenêtres OK ?
Maintenant on part du fait que le domicile officiel est à l'appart du 3ème. OK ? Mais selon tel ou tel moment, le mec va en visite chez le voisin du dessus, et pendant une note (un moment), il sort la tête par la fenêtre qui pourtant appartient au voisin qui lui, est parti justement chez un autre voisin? et sort sa tête par la fenêtre de cet autre voisin !
Le jeu entre le spectateur et le compositeur est justement pour le premier de deviner qui va apparaître et où, et pour le second de le surprendre en faisant que chaque "habitant" apparaisse ailleurs, de manière à nous surprendre (sans la surprise - ennui mortel)... " (Miroslav)
NDLR : votre serviteur a été obligé de couper cet exposé, trop long par rapport à notre objectif (vous connaissez Miros). Pour ceux qui ont franchi les problèmes basiques du mix, il est très intéressant de retenir le principe ci-dessus qui introduit une composante dynamique. Caler chacun au bon étage (fréquence) et au bon appart (panning) c'est bien, mais faire varier le tout dans le temps donne des idées de création illimitées, agréables à l'oreille.