Cet article a d'abord été écrit pour le journal Keyboards / Home Studio. Il est reproduit ici avec leur sympathique autorisation, merci ,o)
Cubase SX 2.0, évolution ou révolution ?
Steinberg nous a pris un peu de court en sortant une version 2.0 de Cubase SX à peine plus d’un an après l’arrivée de la version 1.0. Etait-ce bien nécessaire ? N’aurait-il pas mieux valu continuer à améliorer la version 1 ? Voici quelques éléments de réponse…
D’une façon générale…
Si le passage de VST à SX a été une véritable révolution pour les Cubasiens, la migration de SX 1.0 à SX 2.0 sera moins violente, à première vue. Pourtant, même si les deux versions ont bien un air de famille, les nouveautés sont bien là mais il faudra aller les trouver dans les profondeurs ! Les apports de SX 2.0 vont du petit ajout de confort à la refonte complète du moteur audio, en passant par la réintroduction de fonctions venant de Cubase VST que les utilisateurs n’avaient pas trop aimé voir disparaître dans SX 1.0. Jamais contents ;o)
Premiers pas
Le coffret comprend un CD, une clé de protection USB (dongle), un manuel « Prise en main » papier en anglais et la carte d’enregistrement. Le CD comprend plusieurs fichiers PDF, en anglais eux aussi. La traduction devrait arriver d’ici quelques temps et il faudra réclamer les fichiers à Steinberg-France.
L’installation se déroule sans aucun problème. Si vous êtes nouvel utilisateur, à part installer le programme et ensuite brancher la clé, vous n’aurez rien de plus à faire. Si vous faites la mise à jour à partir de SX 1.0, c’est une autre histoire. En effet, c’est la clé de Cubase SX 1 qui autorisera SX 2 (SX 1 continuera de fonctionner), il suffit de la mettre à jour grâce à une procédure via… Internet ! La nouvelle a fait du bruit sur les forums et les mailing-lists, les utilisateurs trouvant qu’on leur imposait des contraintes que les utilisateurs de versions crackées n’ont pas à subir. Pas faux, mais au-delà, l’accès à Internet étant quand même généralisé, cette procédure, qui ne prend que quelques minutes, sera vite oubliée. Précisons toutefois que la validation de la clé n’est pas obligatoirement faite sur la machine hébergeant Cubase, elle peut être faite sur toute autre machine connectée sur le Net. Voilà de quoi rassurer ceux qui n’ont pas d’accès Web chez eux ou qui mettent un point d’honneur à ne pas mélanger outil de travail et machine multimédia ,o)
Au premier lancement, le programme récupère les préférences de SX 1, vous ne perdrez donc pas vos habitudes. La seule précaution à prendre concerne le dossier Plug-ins partagé. Il était avant unique, SX 2 peut en reconnaître plusieurs. Si vous aviez placé vos plugs dans un dossier bien particulier, il faudra en indiquer le chemin d’accès au logiciel et le relancer. Si vous répartissez vos Plug-ins dans plusieurs dossiers partagés, il conviendra quand même de vérifier que les autres logiciels VST installés sont capables de tous les détecter. Ca n’a pas été le cas de WaveLab 4.
Les pas suivants…
L’interface a été quelque peu revue et corrigée, on n’aime ou on n’aime pas, hein, les coups et les douleurs… ;oD Je préférais le look de SX 1. SX 2 se veut plus classieux, but atteint, mais on y perd en lisibilité, de nombreux bidules à cliquer étant réduits à quelques pixels. Toutefois, l’interface peut être personnalisée en douceur.
Mon premier test a été de charger un « Projet » enregistré avec SX 1. L’importation se fait sans douleur, je n’ai trouvé aucun paramètre qui ne soit pas ou mal repris. Touche « Play » et petite promenade… On découvre rapidement les principales nouveautés (parfois déconcertantes au premier abord) puis les petits détails qui améliorent le confort de travail au quotidien. Hmmm, après une 1 heure passée à trifouiller un peu tout, je me rends compte d’une chose : pour cet article, il va falloir faire des choix et ça va être douloureux !
Mais la première chose qui frappe est le son ! J’ai souvent été sceptique quant aux légendes selon lesquelles tel programme « sonnait » mieux que tel autre. Mais la différence entre SX 1 et 2 est presque flagrante. Et c’est là qu’intervient une grande nouveauté qui n’est pas immédiatement visible : Cubase SX 2 bénéficie du nouveau moteur Audio de Nuendo 2 (y compris la compensation de latence sur toute la chaîne) qui semble vouloir forcer le respect de ceux qui s’y sont frottés. L’Audio donc…
Quand la musique sonne…
Quand je dis moteur Audio, le mot est faible car il faut inclure dans ce vocable un peu vague, la table de mixage, le routage du signal, les bus d’entrées/sorties, etc… Je vais essayer de résumer les choses en suivant le trajet du signal.
Cubase SX 2 introduit une nouvelle notion : les bus virtuels d’entrées/sorties. Il s’agit de se fabriquer des bus auxquels on affectera les E/S physiques de l’interface Audio. Les configurations vont du mono au Surround sur 6 canaux (Cubase SX 2 est compatible Surround d’un bout à l’autre de la chaîne Audio). Les bus virtuels peuvent ensuite être affectés individuellement à chaque tranche (entre autres) de la table de mixage. Je vous laisse imaginer les combinaisons possibles. Un exemple réalisé avec une modeste carte DELTA 44 : j’ai créé des bus d’entrées 1-2 et 3-4. Pareil pour les sorties. Ensuite, ajout d’une piste Audio, entrée du son sur le bus 1-2, départ d’effets dirigé vers le bus de sortie 3-4. Passage du signal dans un multi-effets et retour du signal vers le bus d’entrée 3-4 !
Le bus d’entrées a une conséquence non négligeable : il est matérialisé par une tranche dédiée sur la table de mixage sur laquelle on peut insérer jusqu’à 8 effets et qui bénéficie d’une égalisation. Et oui, on peut maintenant appliquer un effet à l’enregistrement ! L’intérêt est par exemple de pouvoir ajouter une compression en entrée sur une voix… A noter aussi l’inverseur de phase et le réglage de gain.
Le signal passe ensuite dans la tranche de la piste qui lui est destinée. Là, aucune grande nouveauté jusqu’au moment où l’on cherche à utiliser un effet Send, le rack d’effets a disparu ! Il faut maintenant insérer une piste de type « FX » dans le « Projet ». Elle apparaîtra ensuite dans la table de mixage comme toute autre voie Audio. Là où ça devient passionnant c’est qu’une tranche « FX » peut recevoir 6 effets pré-Fader/Eq et 2 post Fader/Eq, qu’une Eq est donc disponible ainsi qu’un réglage de « Pan » (ou « SurroundPan ») et que l’on peut choisir le bus de sortie.
Ce n’est pas tout, en appelant cette piste « FX » sur une piste Audio, on découvre que les « Sends » peuvent aussi être routés soit vers une piste « FX », un groupe ou encore un bus virtuel. Bref, le routage est souple et puissant. Virtual Studio ? Ca y ressemble de plus en plus !
Au passage, notons que le design de la table de mix a été corrigé et ressemble à un tableau de bord d’avion de grande ligne ! On y retrouve néanmoins les réflexes de Cubase SX 1. Mais pourquoi avoir retiré les graduations le long des Faders Masters ? Même si un indicateur est présent, mais écrit tout petit, ce n’est plus aussi lisible qu’avant. Même remarque pour les larges vumètres disponibles sur la partie étendue de la table. La variation de couleurs n’est quand même pas aussi parlante qu’une graduation en dB.
Alors ! Notre signal s’est pas mal baladé depuis tout à l’heure, on va maintenant le laisser sortir ! En bout de table à droite, on trouve tous les bus virtuels que l’on a configurés, chacun disposant de ses 8 Inserts (qui remplacent du coup le rack d’effets Master) et de son Eq.
Enfin, la fonction Export propose de grandes choses comme la possibilité de n’exporter qu’un bus, qu’une piste ou qu’un groupe. Mais la fonctionnalité la plus attendue est la compatibilité OMF, afin de pouvoir collaborer avec d’autres softs, d’autres plate-formes, si vous voyez de quoi je veux parler ;op
Comme vous le constatez, la refonte de la partie Audio va bien au-delà du simple relookage ou replâtrage.
Let the Freeze be !
Voilà LA fonction tant attendue ! Le rack VSTi se voit agrémenté d’un nouveau bouton qui a pour fonction de « geler » les pistes de l’instrument. Concrètement, Cubase crée des fichiers Audio qui se substituent au VSTi lui-même avant de le désactiver, de façon totalement transparente (rien ne change dans la table de mix), et ce afin de décharger le processeur. Si votre proc’ souffre devant la gourmandise toujours accrue des instruments virtuels, cette fonction vous sauvera. Redoutable, mais dommage qu’une fois le VSTi désactivé, ses éventuels samples restent quand même en RAM.
Fête des Projets !
Le travail sur la fenêtre principale a également été remanié, moins violemment, mais quand même ,o) Pour les nostalgiques, la boîtes à outils du clic droit refait son apparition de façon optionnelle !
La Barre de Transport se voit équipée d’un Jog/Shuttle (mais comment a-t-on pu s’en passer ? !), d’un accès direct aux Marqueurs, de vumètres d’entrées/sorties, d’un volume général etc, chaque élément pouvant être caché ou bien encore affiché dans la Barre d’Outils configurable.
Au rayon Automation, la nouveauté est que l’Automation est liée à l’Evénement (ou au Conteneur ou à la piste) qu’elle affecte, entendez par là que si vous déplacez ou copiez l’Evénement, l’Automation pourra suivre.
Un nouveau mode d’enregistrement fait son apparition, le mode « Empilé ». Si vous enregistrez en mode Cycle (en Midi ou en Audio), chaque boucle générera un événement distinct sur la piste. Il ne vous restera qu’à choisir celui qui devra être actif. Ces Evénements peuvent bien sûr être édités, ou déplacés sur une autre piste, comme tout Evénement.
Autre nouveauté, l’outil Time Warp. Pour faire simple, il permet d’éditer la piste Tempo directement dans la fenêtre Projet ou dans un éditeur. Son but principal est de pouvoir enregistrer sur la piste Tempo les variations, par exemple, d’un enregistrement Live, le tout graphiquement et visuellement. Ceci se fait de deux façons : en déplaçant les repères temporels verticaux et en créant des points de « rupture ».
Dans la pratique, le Time Warp se révèle redoutable tant il est facile de déplacer un repère en se basant sur un Evénement ou le dessin d’une forme d’onde. Ceux travaillant à l’image y trouveront également un intérêt certain. Dernière trouvaille en relation avec ce qui précède : les réglages de Tempo peuvent être exportés et importés d’un Projet à l’autre.
Pour le reste, les modifications ne sont pas assez marquantes pour être détaillées ici. A signaler quand même le bloc-note par piste, la possibilité de diviser la fenêtre Projet en deux horizontalement, permettant ainsi de faire défiler les pistes verticalement dans une division pendant que celles de l’autre fenêtre restent fixes, et le type de piste « Règles » qui peut être inséré n’importe où pour que la référence au temps soit par exemple accolée à une piste à éditer.
Il est Midi Dr Steinberg
Cubase étant né en même temps que la norme Midi, il y a belle lurette qu’il est à l’aise avec cette technologie. Ses possibilités Midi ont bien sûr évolué depuis mais de façon bien moins marquante que pour l’audio.
Pour ce qui est des nouveautés, j’ai surtout noté le « Tap in Midi vers piste Tempo » qui transmet les variations de Tempo d’une piste Midi vers la piste Tempo. Voici donc une autre façon de se recaler sur une partie Audio quelque peu fluctuante. Quant à la reconnaissance des accords dans les éditeurs Midi, elle rendra service à ceux pour qui l’harmonie a gardé quelques mystères ,o)
Le bon Score
Ceux qui font une utilisation massive de l’éditeur de partition ont souvent trouvé cette partie du logiciel largement perfectible. Cubase SX 2 apporte des améliorations bien vues comme la transformation d’éléments dynamiques en événements Midi, de nouveaux symboles adaptés à la guitare moderne (y compris les tablatures pour 12 cordes !) etc. Arf, le bogue qui fait que le Score affiche des téléphones et autres graphismes incongrus est toujours présent ! Solution connue : aller dans le panneau de configuration , ouvrir « Polices », faire Contrôle A pour toutes les sélectionner, faire ensuite « Affichage / Actualiser », désélectionner les polices en cliquant à côté de l'une d'entre elles, relancer SX !
Performances et Hyper Threading
L’Hyper Threading est une technologie mise au point par Intel censée émuler le comportement d’un bi-processeur sur une machine mono-processeur.
J’ai donc fait un test crétin : lire le même morceau avec et sans l’Hyper Threading activé et observer ce qui se passe dans l’onglet Performances de Windows XP et dans la jauge de Cubase. Et bien, je n’ai remarqué aucune différence sensible, ch’suis déçu ! Renseignements pris auprès d’un programmeur (mes amitiés à Vincent !), l’Hyper Threading permet avant tout de traiter deux tâches en parallèle afin, par exemple, d’avoir d’un côté une lecture Audio parfaitement stable et d’un autre un affichage toujours fluide.
Puis comme la rumeur annonçait que SX 2 était plus gourmand que son aîné, j’ai chargé le même morceau dans SX 1. Là encore, je n’ai pas pu chiffrer la différence : si elle existe, elle est insignifiante.
Alors, évolution ou révolution ? Hmmm, un peu des deux ! Evolution de par toutes les améliorations et autres ajouts, mais véritable révolution si l’on considère la refonte de la partie Audio du logiciel. Cette refonte fait de Cubase un outil Audio (enfin ?) puissant et extrêmement ergonomique qui peut maintenant rivaliser avec ses illustres concurrents, d’autant que l’abandon de la plate-forme PC par Emagic lui offre un potentiel de vente non négligeable. Le prix à payer pour bénéficier de cette puissance, vous la découvrirez en lisant dans ces pages quelles sont les configurations recommandées, Pentium 200 MMX s’abstenir ! De la même façon, SX 2.0 ne tourne que sous Windows XP/2000 et Mac OSX.
La dernière info à vous donner n’est pas la plus réjouissante : Steinberg a décidé qu’il n’y aurait pas de version démo, espérant ainsi retarder le moment où les versions, heu, alternatives sortiront. Avec le risque que les gens se tournent vers ces versions pour tester avant d’acheter. Paradoxe ;op