Petite révolution dans la démarche de Steinberg ! Jusqu'à présent, nous étions habitués à une version majeure et payante tous les deux ans, avec entre deux, des mises à jour gratuites, apportant pricipalement des correctifs, rarement de nouveautés.
Là, autre modèle économique : Steinberg présente une 6.5... payante (Cubase et Artist). 50 euroballes. Le prix semble justifié par l'ajout de deux instruments VST, Retrologue, et PadShop. Ce dernier étant vendu séparément... 50 euros, on peut donc considérer que le prix de la mise à jour est couvert par cet instrument.
Bien sûr, ceux qui veulent profiter des autres apports et se fichent de PadShop hurlent à la vente forcée, à l'arnaque etc. Chacun se fera son opinion, après tout, rien n'oblige personne à acheter cette mise à jour, d'autant qu'en parallèle, une 6.06 gratuite a été mise en ligne pour corriger 9 vilains bogues.
Donc ! Notre propos ici n'est pas de juger de la stratégie commerciale de Steinberg, mais de présenter les nouveautés de cette version 6.5. Et au final, elles sont assez nombreuses...
Mise en place
Rien à redire, c'est simple et efficace : on télécharge la version après un petit passage par la case carte bleue, on installe, on entre le code dans eLicencer et on est prêt. Comme toujours, il faut que l'ordinateur soit connecté à internet le temps de la mise à jour du dongle, sachant que cette manip peut se faire sur n'importe quelle marchine sans que Cubase y soit installé. C'est ce que j'ai fait : mise à jour de la clé sur un MacBook et utilisation de Cubase sur un PC non connecté.
PadShop
Voilà donc le synthé qui à lui seul coûte ce que vaut la mise à jour. Il s'agit d'un instrument à synthèse granulaire. Pour ceux qui comme moi ne savent pas trop ce que cela signifie, un petit tour par Wikipedia apportera un début de réponse. Extrait :
"La synthèse granulaire est une technique de synthèse sonore consistant en la création d'une onde sonore complexe à partir de différents fragments sonores de l'ordre de la milliseconde (10 à 50-100 ms) joués successivement. On contrôle globalement la densité des grains, leur hauteur, leur longueur, leur enveloppe, leur répartition dans l'espace (en multiphonie), leur phase, le plus souvent sous la forme d'intervalles dans lesquels le programme de synthèse choisit des valeurs de manière aléatoire. Le son obtenu est une sorte de nuage, composé de l'ensemble des grains".
Ceci étant exposé, on va dire qu'on s'en fout un peu et que seuls comptent les sons que l'on peut extorquer d'un tel système. Derrière une interface quelconque (et pas forcément lisible, quelle idée que d'écrire en orange foncé sur fond noir !), se cachent d'une part des tonnes de paramètres et d'autre part, des sonorités qui vont de la nappe bien planante au truc qu'on aura bien du mal à recaser dans un contexte musical.
Pour faire court, chaque "son" est composé de deux samples auxquels on fait subir tous les outrages. Rien que la matrice de modulation pourrait faire l'objet d'un article à elle toute seule. Tout ou presque peut être modulé par diverses sources, du classique LFO à la Note Expression. S'y ajoutent filtres, effets etc. A la lecture du manuel, on se rend vite compte qu'il ne s'agit pas là d'un petit Instrument VST mis là juste pour faire du remplissage, mais d'un module très poussé et puissant. De quoi largement justifier les 50 euros demandés pour passer en version 6.5.
En concusion, bien que la synthèse utilisées soit atypique, les sons proposés sont pour beaucoup musicaux et s'insèreront sans problème dans de nombreux styles musicaux. Cela me rappelle un peu D-Cota. Les plus courageux liront le manuel (PDF en français) pour comprendre comment fonctionne ce VSTi afin de se concocter des sons très personnels. Bonne surprise, donc, que ce PadShop.
Retrologue
Bon, là, on est en terrain connu. Même s'il propose de très nombreux paramètres (oscillos, filtres, effets, matrice de modulation etc), Retrologue reste dans le domaine de la pure synthèse analogique avec des sons représentatifs de ce type de synthé. Sans aucune originalité, cet Instrument VST ne se distinguera pas de ses concurrents parfois gratuits. Il n'aura comme mérite que d'être préinstallé avec Cubase et d'être disponible immédiatement.
DJ-EQ
Il s'agit d'une bête équalisation 3 bandes qui se veut avant tout simple avec sa fonction "Kill" qui coupent drastiquement les fréquences choisies. C'est justement cette fonction Kill, reprise des consoles de DJ, qui justifie l'existence et le nom de ce plugin. S'il est pratique, simple et efficace, on se demande en quoi il serait plus pertinent qu'une EQ classique, mais je ne suis pas DJ ;-) Bref, passons...
MorphFilter
Voilà un outil bien plus intéressant que le précédent ! Ce plug combine trois filtres tout droit venus de HALion 4 : passe-haut, passe-bas et passe-bande. Outre le fait que ces filtres sont très musicaux, la possibilié de pouvoir les combiner et surtout, de les piloter par automation, en fait un outil redoutable, quel que soit le contexte et le style musical. Qu'il s'agisse de triturer une nappe venue de Retrologue ou de tordre le mixage global, MorphFilter se révèle toujours pertinent. Bon point.
VST Amp Rack
Je m'étais déjà un peu moqué de cet ampli virtuel lors du test de Cubase 6. Les modifications apportées par Cubase 6.5 n'y changeront rien. Les nouveaux presets me confortent dans l'idée que Amp Rack délivre des sons de guitare statiques, très "transistors", sans dynamique et surtout, sans musicalité. Bien sûr, deux rythmiques crunch pannées droite / gauche feront illusion, mais je ne me vois pas partir en solo avec Amp Rack.
L'outil Comp
Parmi ce que proposait Cubase 6, la gestion des couches est sûrement ce que j'utilise le plus. Steinberg a encore amélioré le truc, ce qui ne va pas me déplaire. Voici donc, l'outil "Comp". Il se subsitue à l'habituel outil Sélection en appliquant les actions d'édition à la couche actuellement en avant-plan. Les manipulations en deviennent plus aisées et surtout, plus rapides. Inutile de se déplacer jusqu'à la couche active pour la recaler, par exemple, la même manip faite avec Comp directement sur la piste principale aura le même effet.
Ce n'est pas tout, Steinberg a aussi prévu des fonctions de finalisation : nettoyage des pistes et surtout, création d'une nouvelle piste à partir d'une piste composite. Un simple clic droit sur la piste principale donne accès à ces nouvelles fonctions. Moi qui ne réussis jamais un solo de guitare du premier coup, me voici comblé.
Audio Warp
La quantification Audio, très attendue il y a quelques années, est devenue de nos jours un outil comme un autre. Au point que Cubase 6.5, plutôt que de le planquer dans un obscur sous-menu, le range maintenant dans l'interface principale, juste à côté de la quantification Midi, sur un pied d'égalité. Une fois activée, on applique la quantification d'un simple Q sur le clip audio sélectionné, comme on l'a toujours fait sur une donnée Midi. Alors bien sûr, le résultat dépendra toujours du clip audio. Plus il sera marqué rythmiquement et plus Cubase aura de facilié à le découper en fines tranches pour le quantifier ensuite. Je me suis amusé avec Audio Warp sur une boucle de batterie, le résultat est étonnant, même en faisant varier le tempo de façon sensible. C'est clair, à ce jour, Cubase maitrise parfaitement l'audio et les partisants de solutions réputées plus professionnelles auront bien du mal à venir le chatouiller sur ce terrain-là.
Petites gâteries
Pour compléter cette visite, j'ajouterai que Cubase 6.5 vous offre également le codec FLAC et la connexion directe à SoundCloud. Et si vraiment vous trouvez encore cette version trop radine en nouveutés, vous serez peut-êre ravi que Cubase parle maintenant le chinois couramment !
Au vu de tout ce qui précède, même si le côté payant de cette version en fera râler certains, il est quand même difficile de reprocher ce prix modique à Steinberg. Il ne s'agit pas là d'une version de maintenance, mais bel et bien d'une petite avancée qui mérite bien ces 50 euros si ce qu'elle propose vous est indispensable.
La vraie question est : ils vont mettre quoi dans Cubase 7 ?