D'habitude on pense que l'harmonie est la technique de construction des accords. Ceci n'est vrai qu'en partie infime. La science de l'harmonie va beaucoup plus loin.
L'harmonie est à la musique ce que la grammaire est à la littérature. Au point que s'il n'y avait qu'une seule matière à choisir pour faire de la musique, ce devrait être l'harmonie.
Il est intéressant de constater qu'il existe (en occident) deux concepts de la science harmonique ; l'un d'eux est le concept traditionnel suivi par les compositeurs de musique dite classique.
L'autre concept est l'harmonie du jazz appelé par certains auteurs le "Lydian Concept". Ces deux concepts ont été pendant longtemps vécus comme incompatibles. Mais cette incompatibilité était fondée davantage par le choc des cultures d'où elles venaient (le jazz a été pendant longtemps vécu comme marginal et barbare) que par une réelle incompatibilité. Nous savons aujourd'hui que cette différence fait leur richesse et leur complémentarité (n'en déplaise à certains ardents défenseurs de la culture traditionnelle).
Nous allons approfondir plus tard les deux techniques, mais pour l'instant nous dirons que : pour l'harmonie traditionnelle, les accords dérivent des gammes, tandis que pour le Lydian Concept, les gammes dérivent des accords. Si vous ne pouvez pas comprendre pour l'instant ces définitions, ne cherchez pas à vous éclairer d'avantage, gardez-les tout simplement plus ou moins dans un recoin de votre mémoire. Lorsque nous approfondirons ce cours, elles se manifesteront à votre connaissance en toute clarté.
Nous commencerons par l'harmonie traditionnelle car il est impératif que la progression se fasse dans l'ordre qu'elle s'est faite historiquement, ce qui nous permettra une évolution du plus simple au plus complexe.
Nous aborderons notre étude en apprenant à construire des entités de plus en plus complexes. Pour ce faire, la musique sera expliquée comme quelque chose qui doit fonctionner. Ses aspects esthétiques dériveront de son fonctionnement. Ainsi ce sera à chacun de trouver sa propre esthétique en assemblant les éléments selon des règles qui leur seront propres.
Nous partirons d'un schéma simple basique. Nous partirons d'une structure à quatre voix, basée sur le modèle choral. Même si tout cela vous semble trop simple, ça gagnera très vite en complexité jusqu'à dériver dans la musique actuelle.
Nous commencerons à travailler à quatre voix que nous appellerons :
1ère voix : Soprano
2ème voix : Contralto
3ème voix : Ténor
4ème voix : Basse
Ce sont des expressions basées sur la musique vocale qui sont souvent utilisées dans les traités d'harmonie.
Mais ces expressions s'appliquent aussi à la musique orchestrale et prennent la forme suivante.
Voix |
Cordes |
Cuivres |
Bois |
Percussion |
Soprano |
1er Violon |
Trompette |
Flûte |
Cymbale |
Contralto |
2e Violon |
Cor |
Hautbois |
Caisse Claire |
Ténor |
Alto |
Trombone |
Clarinette |
Timbale |
Basse |
Violoncelle |
Tuba |
Basson |
Grosse caisse |
Ce schéma correspond à celui d'un orchestre symphonique plus ou moins type. Remarquons que certains instruments tels que la contrebasse ou le piccolo ne sont pas représentés ici. Nous allons comprendre pourquoi lorsque nous verrons qu'il s'agit des instruments utilisés pour "fonctionner" à l'intérieur du "registre expressif" (Voir chapitre précédent).
Or le noyau harmonique d'une ?uvre est placé à l'intérieur de ce registre, en dehors de ce registre les instruments dérivés s'utilisent pour doubler les instruments principaux. Par exemple, la contrebasse peut doubler le violoncelle à l'octave inférieure (c'est courant mais ce n'est pas une règle). De la même façon, le piccolo peut doubler la flûte à l'octave supérieure (même remarque).
Nous commencerons bientôt notre étude de l'harmonie avec des exercices à quatre voix.